Plusieurs dizaines de membres des services de renseignement de l’ancien régime de Kaboul ont collaboré avec la DGSE, entre 2009 et 2020. Après la prise du pouvoir par les talibans, en 2021, seule une minorité a été autorisée à s’installer en France.
La France, à la différence de ses alliés occidentaux, pensait avoir tiré son épingle du jeu lors de la chute brutale de l’ancien régime de Kaboul, le 15 août 2021, face aux talibans afghans. Bien avant la déconfiture d’un gouvernement tenu à bout de bras depuis vingt ans, François Hollande, chef de l’Etat de l’époque, avait retiré, dès la fin 2012, les soldats français d’Afghanistan. Et le dernier ambassadeur envoyé sur place par Paris, David Martinon, prédisant le retour proche des islamistes au pouvoir, fut le premier diplomate étranger à lancer, le 10 mai 2021, contre l’avis de ses collègues européens, l’évacuation des Français du pays et des Afghans qui avaient travaillé avec eux.
Une enquête menée par Le Monde et des médias partenaires, Lighthouse Reports et RFI, montre pourtant, deux ans après, que cette anticipation a connu des ratés qui entachent un bilan jugé flatteur par les autorités françaises. Des considérations bureaucratiques mais aussi politiques paraissent, en effet, avoir privé d’aide une catégorie d’Afghans ayant œuvré pour la France dans un domaine particulièrement sensible : le renseignement. Selon les éléments réunis, de 60 à 90 anciens membres des services secrets afghans (NDS) ont collaboré pendant plusieurs années, au sein d’une structure ad hoc, avec leurs homologues français de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Ils considèrent aujourd’hui avoir été « laissés de côté » et demandent justice.